Découverts en 1926 dans le sud du Pérou, les géoglyphes de Nazca (ou de Nasca) sont de grandes figures tracées sur le sol (géoglyphes), souvent
d'animaux stylisés, parfois simples lignes longues de plusieurs kilomètres, qui se trouvent dans le désert de Nazca.
Le sol sur lequel ils se dessinent est couvert de cailloux que l'oxyde de fer a colorés en rouge. En les ôtant, les Nazcas ont fait apparaître
un sol gypseux grisâtre, découpant les contours de leurs figures.
Ces géoglyphes sont le fait de la civilisation Nazca, une culture pré-incaïque du Sud du Pérou qui se développa entre 300 av. J.-C. et 800 de notre ère.
Ils ont été réalisés entre 400 et 6501.
Les lignes et géoglyphes de Nazca et de Pampas de Jumana sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1994.
Depuis que les lignes de Nazca ont été découvertes dans les années 1926, plus d'une théorie a été proposée pour expliquer les traces sur la
surface du désert. LE mystère des lignes Nazca est une des énigmes les plus embarrassantes de l'archéologie.
L’astronaute de Nazca enflamme autant nos croyances que notre imagination
Ce sont plutôt :
Voici la photo de deux des trois figures découvertes début août 2014, suite à une tempête de
sable sur le plateau de Nazca (source Daily Mail). Elles évoquent un chameau à côté d'un
oiseau.
D'après la mathématicienne allemande Maria Reiche, qui a consacré la majeure partie de sa vie à l'étude archéologique et à la préservation du site, les géoglyphes formeraient un immense calendrier astronomique, dont les lignes pointent vers des étoiles remarquables ou des constellations (Bibliographie-1).
Cette théorie fut contestée en 1968 par l'astrophysicien américain Gerald Hawkins, d'après les recherches qu'il avait réalisées en se fondant sur des calculs informatiques. En reconstituant la carte du ciel telle qu'elle était à l'époque des Nazca, il affirma avoir démontré que 80 % des géoglyphes n'avaient aucune relation avec les constellations importantes. Toutefois, ses recherches furent finalement démolies à cause d'une erreur de méthodologie grave. Il avait reconstitué la carte du ciel en se fondant sur celle deStonehenge, qui n'est pas dans le même hémisphère.
Selon Maria Reiche, la figure de l'araignée serait une projection anamorphique de la constellation d'Orion. Trois des lignes droites aboutissant à la figure auraient servi à suivre les déclinaisons des trois étoiles de la ceinture d'Orion. Cependant, elle ne fournit aucune explication pour les 12 autres lignes de la figure, ainsi que le fait remarquer Anthony F. Aveni.
L'historien de l'art Henri Stierlin a émis en 1983 l'idée que les lignes servaient à préparer les fils de trame et de chaîne des tissus mortuaires retrouvés dans les tombes de Nazca. Ces tissus ont en effet la particularité d'être tissés de fils d'un seul tenant. Or pour préparer de manière artisanale de tels fils, il faut une ligne droite du double de la longueur pour permettre le tordage puis le repliage du fil sur lui-même. Ces lignes de travail se sont superposées de manière anarchique au fil des siècles.
Les figures ont été associées au chamanisme. La plupart d'entre elles se trouvent près de sites préhistoriques d’art rupestre qui présentent des images similaires, mais à une plus petite échelle. Les chamans prenaient des substances hallucinogènes qui leur permettaient de voir leur animal-pouvoir, une pratique courante en Amérique du Sud et particulièrement en Amazonie. Certaines des drogues utilisées pendant les cérémonies rituelles donnent la sensation de voler dans les airs ; ce serait la raison pour laquelle les géoglyphes auraient été créés pour être vus du ciel. Cette explication est toutefois contredite par le fait que ces formes se voient depuis le sommet des collines environnantes, d'où elles furent découvertes par l'archéologue péruvien Toribio Mejia Xesspe en 1927.
Dans Chariots of the Gods, Erich von Däniken a proposé en 1968 une théorie ufologique relevant de la théorie des anciens astronautes. Les figures de Nazca seraient soit une piste d'atterrissage pour des vaisseaux spatiaux extraterrestres, soit un message réalisé par la population locale à leur attention.
À cette théorie, la mathématicienne d'origine allemande Maria Reiche répondait que les prétendues pistes d'atterrissage, étant des zones débarrassées de leurs pierres, n'offraient qu'un sol des plus mous dans lequel les vaisseaux extraterrestres n'auraient pas manqué de s'enfoncer.
Une photo mise en avant par Von Daniken en 1970 et laissant voir une configuration qui, selon lui, évoque grandement une aire de stationnement d'avion dans un aéroport moderne, est la vue, recadrée, de l'articulation du genou d'une des représentations d'oiseau, le vaisseau qui s'y garerait devrait donc être bien minuscule.
En fait, la théorie de von Daniken est reprise de remarques faites par le premier chercheur à avoir étudié les lignes, Paul Kosok, en 1947 : « Observées depuis les airs, [les lignes] se virent baptisées terrains d'atterrissage préhistoriques et comparées par plaisanterie aux prétendus canaux de Mars. »
Partant du principe que les géoglyphes ne pouvaient avoir été tracés qu'en faisant appel à un engin volant (le seul moyen de les voir correctement), un certain Jim Woodman émit l'hypothèse de l'emploi de ballons à air chaud, représentés selon lui sur des tessons de poterie. Il construisit même un ballon à l'aide des matériaux dont disposaient les Nazcas. Mais les dessins de ballons sont en fait des haricots en train de germer, et le ballon, quelque peu poreux, ne vola que deux minutes avant de retomber.
Selon David Johnson, les Nazcas avaient fortement développé l’irrigation pour pallier le manque d’eau chronique dans cette région en construisant des puits spiralés (pocios) profonds de plusieurs mètres, reliés par un réseau d’aqueducs souterrains. Ils étaient très faciles d'accès et les habitants actuels s'en servent encore. Les figures et lignes serviraient de repères pour retrouver les résurgences et sources alimentant ce réseau.
Selon Michaël Vaillant, des conducteurs sous forme de fines feuilles de cuivre ou d'or auraient été étendus sur le terrain. Ces conducteurs auraient pu être utilisés comme des antennes pour écouter les ondes très basses fréquences produites par les séismes. Cette hypothèse s'appuie sur une théorie encore controversée nommée « SES » (pourSeismic Electric Signals). Les traces de Nazca aujourd'hui observées seraient en fait la marque de l'emplacement où auraient été déposés ces conducteurs, mais aussi des nombreux tests qui auraient été effectués afin de trouver des positions adéquates, dans l'axe des champs électromagnétiques.
Nazca est l'un des endroits les plus secs au
monde avec une moyenne annuelle de
précipitations de 25 millimètres. Son climat
est contrôlé par le courant de Humboldt qui
charrie les eaux antarctiques vers la côte
ouest de l'Amérique du sud. Cette eau froide
océanique refroidit l'air marin et limite
l'accumulation d'humidité dans les nuages et
bien que nuages et brouillard puissent se
former, il n'y a que peu de précipitations et la
région est exceptionnellement aride.
Les lignes de Nazca, avec ses géoglyphes
d'animaux et de plantes, figurent parmi les
réalisations les plus mystérieuses du Pérou
pré-colombien et même du monde. Bien
moins célèbres peut-être que les pyramides
de Gizeh en Égypte ou Stonehenge en
Angleterre, ils s'intègrent dans la même
catégorie d'énigmes, car aucun d'eux n'a été
complètement décodé.
Se plaçant probablement en troisième
position de popularité pour les visites de
sites anciens du Pérou, le Machu Picchu
classé sans contestation numéro un et la
région du lac Titicaca numéro deux, Nazca
reçoit des centaines de milliers de touristes
par an. Ceux qui en ont le courage survolent
la vaste plaine de Nazca pour observer les
marques vues du ciel. Et les autres, quelque
peu inquiets à l'idée de grimper dans un petit
avion dans un pays étranger se contentent de
regarder quelques géoglyphes et lignes du
haut d'une tour au bord de la route.
Maria Reiche, éminemment célèbre pour ses études sur le phénomène Nazca, accomplies pendant plus de 50 ans, avait ses propres idées sur l'âge des lignes et des figures :
"Le peuple qui a réalisé les dessins de Nazca
a vécu dans différentes vallées sur une
période de 3000 ans ou plus et a laissé
comme testament de son existence des
millions de strates dans lesquelles on a
trouvé des œuvres d'or fin et d'argent,
d'excellentes poteries et les plus beaux
vêtements du monde. Nous ne savons pas
quand ils ont réalisé les dessins. L'énorme
quantité de dessins, exécutés chacun avec
la plus extrême précision, a dû prendre au
moins la moitié d'une génération à
fabriquer. Un test au carbone 14 sur un
piquet trouvé au bout d'un quadrilatère
dans un tas de pierre donne l'année 550 de
notre ère, mais je suis sûre qu'ils sont bien
plus anciens que ça ! Nous savons que les
activités de dessin se sont prolongées à la
période inca parce qu'il y a plusieurs dessins
qui sont typiques du style inca, parfois
tracés par-dessus des petites figures plus
anciennes, toujours visibles en dessous. Ce
qui fait que l'activité de traçage a très bien
pu s'étendre sur 2000 ans ou plus".